La sécurité sociale a-t-elle l'esprit d'entreprise ?

La numérisation est la première cause d'augmentation de la flexibilité du marché du travail. Le travail indépendant est en plein essor, l'économie des plateformes s'est installée pour longtemps dans le paysage et le travail « à la demande » et les emplois précaires sont de plus en plus répandus.

La Belgique est l'un des premiers pays à avoir introduit un système innovant pour encourager les travailleurs à prendre conscience du potentiel qu'offre l'économie des plateformes et du partage. Depuis 2018, les personnes qui exécutent des services par l'intermédiaire d'une plateforme agréée ne sont imposables qu'au-delà de 6 250 € de revenu par an. Un an après l'entrée en vigueur de cette mesure, plus de 16 000 citoyens avaient gagné 34,7 millions €.

Travail en solo

Toutefois, la possibilité de travailler quand on veut et où on veut pose aussi question pour la sécurité sociale. Comment mieux protéger ces travailleurs précaires (qui travaillent souvent par l'intermédiaire de plateformes en ligne pour différentes entreprises et pendant des périodes courtes) en cas d'accident du travail, de maladie et de chômage ?

En Belgique, nous suivons cette évolution avec beaucoup d'attention parce que nous voulons offrir, à ces travailleurs en nombre croissant, une protection sociale solide, du même niveau que celle garantie aux salariés classiques.

Comparativement à la moyenne européenne, dans notre pays, les emplois sont de relativement bonne qualité. La Belgique est par exemple l'un des pays qui compte le moins de petits boulots (occupés par des personnes qui travaillent moins de 20 heures par semaine), de travailleurs à temps partiel subi et de travailleurs pauvres.

La protection des travailleurs est un objectif solidement ancré dans notre système de sécurité sociale. Il se réalise notamment via le processus de concertation sociale qui a lieu entre les employeurs et les syndicats.

Vers un meilleur équilibre

Pour de nombreuses personnes, la flexibilité facilite la conciliation entre vie professionnelle et familiale. Or, dans ce domaine, la sécurité sociale belge a fixé de nouvelles normes depuis longtemps. Les mécanismes flexibles tels que le crédit-temps, l'interruption de carrière et le congé parental en sont de bonnes illustrations. Les chiffres sont édifiants. Ces 20 dernières années (1999-2018), pas moins de 1 463 102 personnes ont pu faire une pause dans leur vie professionnelle grâce à l'un de ces dispositifs.

Le nombre annuel de salariés demandant un crédit-temps, une interruption de carrière ou un congé thématique a plus que triplé au cours de la même période (passant de 115 168 en 1999 à 392 188 en 2018). En d'autres termes, chaque année, ces dispositifs sont utilisés par 1 salarié sur 10. De surcroît, même s'ils sont principalement utilisés par les femmes, ils séduisent de plus en plus d'hommes. Ainsi, en 2018, les hommes représentaient 34 % des bénéficiaires contre 15 % seulement en 1999.

Prévention, une approche plus efficace

Autre résultat remarquable : en 2015, on a dénombré en Belgique moitié moins d'accidents du travail qu'en 1985. Nous nous attachons à promouvoir le bien-être au travail et la prévention de telle manière que les individus puissent continuer à travailler dans des environnements sûrs et sains. Des exemples ? Si votre métier sollicite beaucoup votre colonne vertébrale, vous pouvez suivre un programme de prévention des troubles de la colonne vertébrale.

Si vous courez le risque de contracter une infection dans le cadre de votre travail, vous pouvez vous faire vacciner gratuitement. Vous êtes touché par le stress ou le burn-out ? Des programmes d’accompagnement sont proposés pour améliorer votre résistance physique et mentale. Vous reprenez le travail après une incapacité de longue durée ? La sécurité sociale vous apporte un soutien, ainsi qu’à votre employeur, pour faciliter au mieux votre retour au travail et vous prêter toute l’attention nécessaire.

Le marché du travail

Narrateur : La Belgique figure dans le top 5 des pays offrant le meilleur équilibre travail-vie privée.

Bien que nous soyons globalement satisfaits de notre qualité de vie, un tiers des Belges admettent qu’ils pourraient avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les gens veulent plus de temps.

Wissem Elballi, père au foyer : Un job, une maison, deux enfants.

Nous avons tout pour être heureux. Mais avec deux emplois à temps plein, alors que les enfants sont encore si petits, c’est difficile à gérer. Arrêter de courir dans tous les sens, c’était un choix conscient. J’ai fait une pause dans ma carrière. Je suis maintenant un mari au foyer à 100 % et mon employeur était totalement d’accord.

Dans le passé, nous courions seulement, du travail à l’école, de l’école à la maison, de la maison à l’entraînement de football et entre-temps, on faisait les courses. Ça n’a pas marché.

Maintenant, je sens qu’il y a beaucoup plus de paix et de calme dans notre famille et tout le monde respire à nouveau.

Narrateur : Selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Belgique figure dans le top 5 des pays offrant le meilleur équilibre entre travail et vie privée.

Le bilan est donc positif, mais quelles sont les raisons de ce succès ? On peut citer les campagnes de prévention en matière de stress et de burn-out ainsi que l’amélioration généralisée des conditions de travail, mais aussi la flexibilité que permettent le crédit-temps, le congé parental ou encore l’interruption de carrière.

Nous faisons partie des premiers pays à relever le défi que représentent l’économie collaborative et l’économie de plateformes en matière de sécurité sociale. Par l’intermédiaire d’une plateforme officielle et innovante, chacun peut proposer ses services et arrondir ses fins de mois sans payer plus d’impôts.

Nous sommes également convaincus qu’il vaut mieux prévenir que guérir. C’est pourquoi nous prenons des mesures très ciblées en vue de réduire le nombre d’accidents de travail.

Nous offrons ainsi des séances gratuites de kinésithérapie pour les personnes souffrant de maux de dos, et ce n’est qu’un exemple des nombreuses actions que nous mettons en place pour les travailleurs à risque.

Nous faisons tout pour faire perdurer bonheur et santé au travail, tant sur le plan physique que mental. Même après une longue période d’incapacité de travail, nous aidons aussi bien les travailleurs que les employeurs à retrouver une certaine « normalité ».

En résumé, nous croyons fermement que l’épanouissement au travail mène au bien-être général. Apporter sa pierre à l’édifice est source de satisfaction : vous avez l’impression de compter.

Et pour nous, chaque citoyen compte.

La transformation du marché du travail ouvre-t-elle aussi des perspectives à vos propres salariés ?

Oui ! Le New Way of Working a été entièrement déployé. Le télétravail, les vidéoconférences et les nouvelles technologies sont incontournables. Le nombre d'agents experts en informatique au sein de nos équipes est en passe de battre un nouveau record et nos salariés n'ont jamais été aussi nombreux à se former pour suivre le rythme de la transformation numérique.